Dans notre numéro du 11 mai, nous avons montré
combien le régime de la Séparation serait dommageable au
culte israélite en Algérie, dont il désorganiserait
les services, qu'il livrerait aux divisions intestines et nous avons ajouté
qu'il y avait un intérêt politique sérieux à
maintenir le système actuel qui facilite l'assimilation des Juifs
algériens à ceux de la Métropole.
Le Consistoire israélite d'Alger vient de
prendre l'initiative de saisir le gouverneur général d'un
mémoire où il expose d'autres motifs non moins intéressants
qui militent en faveur du maintien de l'organisation consistoriale.
Il commence par faire valoir que la disposition
du régime actuel aurait pour conséquence de mettre à
la charge des bureaux municipaux de bienfaisance l'assistance aux israélites
indigents si nombreux en Algérie.
Il ajoute :
Si nos
communautés d'Algérie pouvaient, comme les communautés
de France, trouver dans les perceptions autorisées par le projet
de la commission les moyens de subvenir à leurs besoins, elles n'auraient
guère d'objections à présenter contre l'application
de la loi à l'Algérie, car elles seraient capables de s'imposer
les légers sacrifices que lui imposerait la suppression de l'allocation
très modeste faite par l'État pour les services du culte
israélite en Algérie ; mais nos communautés, si elles
perçoivent certains revenus de minime importance pour la location
des places dans les synagogues et pour le service religieux à
l'occasion des mariages ou des cérémonies funèbres,
tirent, en réalité, le principal de leurs ressources de la
taxe rituellique sur la viande (kascher), elle est commune à tout
le judaïsme de l'Orient et de l'Afrique ; c'est le seul mode de perception
possible et le seul aussi qui puisse procurer les ressources très
importantes nécessaires à la bonne marche des communautés,
tant pour le service du culte que pour l'instruction religieuse, et surtout
pour le service de la bienfaisance.
L'application
à l'Algérie de la loi sur la séparation nous parait
impliquer la suppression immédiate aux communautés du droit
de percevoir la taxe précitée. C'est décréter
la fin même des grandes communautés de l'Algérie, puisque,
sans ressources stables et régulières, il ne leur sera jamais
possible de subsister.
La requête termine en demandant au gouverneur
de défendre devant le Parlement les intérêts de tous
les israélites d'Algérie.
L'application de la Séparation présente
également des inconvénients au point de vue du clergé
catholique que M. le gouverneur général a signalé
dans une interview.