"Archives Israélites"
Jeudi 27 avril 1905
DÉBATS PARLEMENTAIRES
LA SEPARATION DES EGLISES ET DE L’ETAT
     Nous continuons, non pas à donner le compte rendu des débats ouverts à la Chambre sur cette grave question de la Séparation, mais à noter les observations, amendements ou votes qui sont de nature à Intéresser particulièrement notre culte.
    Dans sa séance du 15 avril, la Chambre a repoussé un amendement de M. Jules Auffray, autorisant l'inscription aux budgets des départements et des communes des dépenses occasionnées pour assurer la liberté de conscience et l'exercice du culte aux familles d'indigents inscrites aux bureaux de Bienfaisance ou sur les listes d'assistance médicales gratuites.
     M.Caslelnau a défendu un amendement portant que les membres des établissements publics actuels des Cultes auront le droit en se constituant en associations cultuelles, de continuer le même service à l'aide des mêmes biens.
     II avait pour but, comme l'a exposé; son auteur, d'empêcher de nouvelles associations constituées dans un esprit différent de devenir les propriétaire des biens des fabriques et Consistoires.
     Voici comment M. de Castelnau a résumé ses observations
     Vous n’avez qu'un moyen de résoudre cette difficulté ; vous n’avez qu'un moyen de couper court à tous les embarras auxquels vous allez vous heurter par suite de ce système de véritable spoliation qui est la but de tout votre régime, c'est de reconnaître purement et simplement à la fabrique - et au Consistoire - le droit de se constituer eux-mêmes en association, de couvrir par une nouvelle personnalité leur patrimoine sans que rien ni qui que ce soit puise quelque chose sur ce bien, soit pour le démembrer, est pour en disperser. Je le répète, c’est le seul moyen pour vous de résoudre tous ces problèmes; c'est le seul moyen pour vous d'assurer paix publique en substituant à votre arbitraire un vrai régime de droit et de bon sens.
     M. Balitrand a soulevé une question intéressante.
     Le rapport de M. Briand a signalé une conséquence de la loi en discussion qui est la disparition des incompatibilités et privilèges dont jouissent, sous le régime actuel, les ministres des Cultes. Désormais, ils pourront être jurés, deviendront éligibles aux Conseils municipaux, généraux, au Sénat, à la Chambre.
     M. Balitrand a demandé si, par exemple, le curé pourra devenir le maire de la commune où il exerce ses fonctions pastorales, ce qui peut présenter plus d'un inconvénient. Le rapporteur a répondu par l'affirmative.
     A été ensuite repoussé un amendement de M. Allard, supprimant les jours fériés religieux.
    A la séance du 16 avril M. de Castelnau a combattu en vain, l'introduction dans la loi de l'établissement d'un inventaire des biens des fabriques et Consistoires qu'il jugeait comme une ingérence de l'État dans un domaine où il n'a plus rien à voir.
     M . Lasies n'a pas réussi davantage à faire adopter une disposition additionnelle portant qu`en temps de guerre, l'Etat accordera aux  associations cultuelles les autorisations et allocations nécessaires  Pour assurer le service de l'aumônerie dans les corps des combattants. Les argumente de sentiments très élevée d'ordre religieux qu'il a allégués n'ont pas trouvé grâce devant la majorité. D'ailleurs le rapporteur lui avait, fait observer que sa proposition n'était pas à sa place dans un article traitant de la dévolution des biens.

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