"Archives Israélites"
Jeudi 18 mai 1905
DEBATS PARLEMENTAIRES
 LA SEPARAT1ON A LA CHAMBRE
    Dans sa séance d. rentrée du 15 mai , la Chambre a repris aussitôt ta discussion  du projet de loi sur la Séparation Elle s 'était arrêtée à l'article 4bis, après avoir voté l'article 4, nouvelle rédaction qui règle la dévolution des biens des établissements publics des cultes aux associations cultuelles qui se formeront. Elle a rejeté successivement après avoir entendu les auteurs et le rapporteur, l'amendement de M. Allard qui ne voulait donner que l'usufruit aux associations cultuelles des biens qui leur auront été attribués et un autre  de M. Charles Dumont exigeant que les associations cultuelles pour être aptes à recueillir  ces biens, fussent composées du tiers des habitants  des deux saxes, majeurs, domiciliés (dans les limites de l'ancien Etablissement. On sali que le chiffre des membres des associations cultuelles prévues  par le projet est de sept. A ce propos M. Charles Dumont a tait l'observation suivante:
     - J'essaye à cette tribune de défendre une thèse qui ne vaut ce qu'elle vaut, mais qui pour elle l'autorité d'un très grand nombre de publicistes  appartenant a toutes les fractions de la majorité républicaine appartenant a tous les cultes ; je vous citerai M. Raoul Allier, qui appartient au culte protestant ; M. La Chesnais, du Mercure de France, qui est d'origine
catholique ; M. Grünebaum-Ballin, qui est Israélite.
     Vous constaterez que tous ceux qui ont traité  cette question partagent cette préoccupation grave de distinguer deux sortes d’associations cultuelles, d'une part celles qui pourront se former librement au cours des différentes évolutions et transformations des Églises catholiques, protestante, israélite, associations  de personnes privées se réunissant pour exercer le culte ici ou là et pour lesquelles le chiffre de sept personnes suffit parfaitement ; et, d'autre part, les associations dont nous avons à nous occuper maintenant, au moment ou dans la loi il est question de la  dévolution, associations qui, à notre avis doivent comprendre une proportion notable des habitants de la commune., de la paroisse, inscrits sur les registres de l'ancien établissement public.
     M. Lasies, a défendu l'amendement suivant :
     Les prescriptions de l'article précédent ne seront applicables que sous réserve expresse que les évêques, pasteurs et rabbins, sous la dépendance administre desquels se trouveront les associations cultuelles, seront de nationalité française ou naturalisés depuis dix ans au moins.
     Le député nationaliste craint de voir le Pape nommer en France des évêques de nationalité étrangère et ce sont les droits de l'Etat contre Rome qu'il prétend maintenir. M. Lasies a terminé ses observations en disant:
     « Je crois ne pas avoir outrepassé mes devoirs de catholique en vous proposant I'article additionnel que j'ai soumis à la Chambre et en demandant que ce soient des évêques de nationalité française qui dirigent les associations culturelles.
     Mon texte s'applique également aux pasteurs et aux rabbins, mais je n'ai voulu parler que des évêques français parce que je suis catholique et que j'ai voulu donner à ma discussion un caractère de sincérité et d'impartialité ».
     M. le Rapporteur lui a répondu que l'Etat n'avait pas à s'immiscer dans les affaires du culte, et que, d'ailleurs, il est armé contre les membres du culte de nationalité étrangère. II a ajouté
     De plus, ne fonctionneront pas seulement dans ce pays un culte catholique, un culte israélite et un culte protestant ; il y a aussi l'Eglise russe, par exemple, qui a comme ministres des Russes; Il peut y avoir demain d'autres cultes s'exerçant en France et devant nécessairement avoir pour ministres des étrangers. Nous persistons à penser, contrairement à l'honorable M. Lasies, que l’État n'a pas imposer aux diverses Églises le choix de leurs ministres. par conséquent, nous demandons à la Chambre de repousser l'amendement qui lui est présenté (Applaudissements).

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