15 juillet : Loi établissant le service militaire de trois ans, "égal pour tous" .
Défaite boulangiste aux élections législatives du 22 septembre et 6 octobre.

Chambre des députés
27 mai 1889

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M. Achard. Messieurs, nous allons voter contre l'article 1er en attachant à ce vote le caractère de rejet du budget des cultes tout entier. (Très bien ! très bien ! sur plusieurs bancs à gauche.)
    Il est inutile aujourd'hui de fatiguer la Chambre en revenant sur les graves et sérieuses raisons qui militent en faveur de la séparation des Églises et de l'État; niais nous remplissons un devoir en venant, une fois de plus, affirmer le caractère absolument laïque du pouvoir social et déclarer que, dans ces circonstances, comme dans toutes les autre, nous nous attachons à faire prévaloir ce principe dans toutes les lois et dans toutes les institutions de la république (Applaudissements à gauche.)
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M. Freppel. Messieurs, je ne m'attendais pas, après les discussions des années précédentes, à voir soulever un débat quelconque sur le budget des cultes, par la raison toute simple qu'à l'heure présente, une pareille controverse ne saurait avoir aucune espèce d'utilité pratique.
    Sur ce terrain, nous avons pris position les uns et les autres et, malgré la déclaration de l'orateur qui descend de cette tribune, il n'est pas à présumer que ses paroles, pas plus, du reste, que les miennes, parviennent à déplacer une seule voix......
    Voix à gauche. Alors, il est  inutile  de parler.
     ...tant il est manifeste pour tout le monde qu'un débat prolongé  sur cette question n'aurait plus aucune raison d'être dans la présente législature.
    Seules les élections prochaines pourront raviver ou rajeunir cette discussion en montrant si 1e sentiment du pays a varié à cet égard. Quant à nous, nos convictions sont absolument formées, absolument connues, d'un côté comme de l'autre, et il ne m'apparaît pas qu'aucune fraction de cette Chambre, même la gauche la plus avancée ait une extrême ardeur à mettre la main à l'œuvre de destruction à laquelle nous conviait tout à l'heure l'honorable préopinant (Très bien ! très bien ! à droite. -Interruptions à gauche.)

MM. Maurice-Faure et Gustave Rivet. C'est une œuvre de salubrité sociale. (Bruit)
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M. Freppel. Il y a doux ans et six mois, cette Chambre instituait une commission dite du Concordat et dont, par un hasard de scrutin que je ne m'explique pas encore bien à l'heure présente, j ai l'honneur de faire partie. (Sourires d'assentiment à droite.)
    Comme la majorité: de cette commission , présidée par l'honorable M. Boysset, appartient à ce qu'on  appelle la gauche radicale, il semblait qu'il y eût là une bonne occasion, une occasion inespérée pour ces messieurs de saisir au plus vite la Chambre d'une proposition concernant les rapports de l'Église et de l'État.
    Eh bien contrairement à ce quo l'on pouvait attendre du zèle de nos collègues, et parmi eux il s'en trouvait d'un peu jeunes, d'un peu vifs et ardents, M. Pichon, M. Millerand, M. Sigismond Lacroix, la. fine fleur de la. démocratie radicale (On rit), contrairement, dis-je, à ce que l'on pouvait attendre du zèle de nos collègues, dans l'espace de deux ans et six mois, nous nous sommes réunis .... cinq fois ......
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    A son avènement au ministère, l'honorable M. Floquet avait déposé sur le bureau de la Chambre un projet de loi relatif aux associations, qu'il considérait comme une mesure préparatoire à ce qu'il appelait la séparation de l'Église et de l'État.
    Eh bien, il ne me semble pas non plus que les travaux de la commission chargée d'examiner ce projet de loi soient fort avancés ; et je le comprend sans peine. ( Rires approbatifs à droite. - Interruptions à gauche.)
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     Tout comme la commission dite du Concordat, les membres de cette autre commission ont parfaitement compris qu'il est plus facile de poser certaines questions que de les résoudre. (Très bien! très bien ! à droite.) Dussé-je les désobliger ,en leur adressant un compliment, ils ont parfaitement compris que, lorsqu'on serre de près ces problèmes si vastes et si compliqués, les difficultés apparaissent à l'instant même, et qu'alors ce qu'on a de mieux à faire, c'est de s'esquiver au plus vite; c'est ce qu'ils ont fait. (Nouvelles marques d'approbation à droite.)
    Ils ont parfaitement compris que les préoccupations du pays étaient ailleurs.  Elles étaient en effet, comme elles sont encore. aux élections prochaines.
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    C'est ainsi que cette formule : Séparation de l'Église et de l'État ..... et cette autre formule dont M. Floquet se servait avant-hier en haranguant la gauche radicale (Sourires à droite): la sécularisation de l'État, n'ont aucun sens bien défini ... (Exclamations ironiques à gauche.)  ...par la raison toute simple que la séparation de l'Église et de l'État est faite depuis longtemps... (Exclamations à gauche.) .... et qu'il n'y a pas de pays en Europe où l'Église soit plus séparée de l'État. (Interruptions diverses.)
    Non ! il n'y a pas de pays en Europe où le clergé, comme tel, soit plus totalement exclu des affaires civiles et politiques.. . (Nouvelles interruptions) ,.. où il soit plus complètement écarté des corps législatifs.
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    Un membre à gauche. Votre présence ici prouve le contraire !
    Je ne siège pas ici en qualité d'évêque : je représente la 3° circonscription de Brest, et voilà tout.
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    On pouvait parler de séparation de l'Église et de l'État, de sécularisation de l'État, alors que le clergé formait le premier ordre du royaume, quand il tenait les registres de l'État civil, que ses représentants siégeaient de droit dans les divers assemblées .....
    Mais aujourd'hui il n'y a plus rien de pareil .....
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    Il faudra dire clairement et hautement au corps électoral que vous voulez vous emparer des cathédrales, des églises paroissiales, des presbytères, ....
     Il faudra dire clairement et hautement au corps électoral qu'après avoir dépouillé le clergé de son patrimoine, vous entendez le réduire à la mendicité, en le privant de la modique indemnité représentative de ce patrimoine, ....
     Il faudra dire clairement et hautement au corps électoral que, tandis que vous subventionnez les théâtres pour la satisfaction des riches, vous entendez ne pas dépenser un centime pour que des millions de femmes et d'enfants du peuple  puissent recevoir les secours et les consolations de la religion ! (Vifs applaudissements à droite)
     Il faudra dire clairement et hautement au corps électoral que, tandis que vous contraignez les catholiques à payer des écoles qu'ils réprouvent, qu'ils condamnent ...(Ah ! ah ! à gauche)  vous ne voulez user d'aucune espèce de réciprocité envers eux, en ce qui concerne leur culte ...
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    Eh bien, si vous posez la question en ces termes-là au peuple français, il vous répondra, et sa réponse, vous la trouverez sur ces bancs dans la prochaine législature. (Très bien ! très bien ! à droite. - Interruptions à gauche.)
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Le chapitre 1er de la loi sera voté par 337 voix contre 198